Authuille à l'aube de la Grande Guerre - Introduction


Pour les Journées Européennes du Patrimoine 2013 et à l'aube du centenaire de la Première Guerre mondiale, nous avons choisi de vous présenter la vie du village en 1913.

1913 fut la dernière année d'une période que les historiens appellent la Belle Époque.
Cette expression s'applique à une période comprise entre 1880 à 1914, qui après l’horreur de la Grande Guerre semblait être une époque d’insouciance, heureuse et de progrès. Aujourd’hui cette vision fait l’objet d’une révision de la part des historiens, la Belle Époque n’était pas forcément belle pour tout le monde ...

En 1900, à Paris, a eu lieu l’Exposition Universelle. Pour cette occasion, il a été demandé à tous les instituteurs de rédiger une « notice géographique et historique » de chaque commune. À Authuille, c’est M. Fournier, qui a rédigé cette notice.
Tel un instantané du village, elle nous renseigne sur l’histoire, la géographie, la démographie et les activités économiques.

Nous vous invitons, donc, à voyager dans 
 

Authuille à l'aube de la Grande Guerre ...

Authuille à l'aube de la Grande Guerre - La population


Authuille, le village



Si l’on regarde des plans anciens du village, cela donne l’impression qu’Authuille a toujours été Authuille !

En effet, la physionomie du village a très peu évolué. Après la Première Guerre mondiale, le village conserve sa trame "urbanistique".

La population authuilloise



Selon le recensement de 1911, il y avait 61 foyers.



Population
241 authuillois
60 hommes
55 femmes
126 enfants




Authuille à l'aube de la Grande Guerre - l'agriculture

Le milieu agricole est composé de toutes les personnes travaillant autour de la terre.

Au XIXe siècle, l’agriculture est la première activité économique de France. C’est un monde qui est en pleine mutation. Progressivement les agriculteurs utilisent des machines et des engrais ce qui accroît la production. L'agriculture française connaît une spécialisation régionale des cultures (le nord de la Loire se spécialise dans la culture céréalière) ainsi que l'instauration de nouvelles cultures comme les fruits, les légumes (choux, betteraves et pommes de terre) et les plantes fourragères.
L'agriculture française est essentiellement céréalière auquel il faut ajouter la pratique de l'élevage bovin qui apporte une source d'énergie, du lait et de la viande.
Elle pratique un assolement triennal : céréales d'hiver (froment, seigle)/ céréales d'été (avoine, orge)/ jachère.
Tout comme aujourd'hui, l’agriculture est un milieu contrasté. Se côtoient de petits et grands propriétaires, pour lesquels travaillent des ouvriers agricoles.
Cette population représente 40 % de la population française.
Le recensement de 1911, nous apprend que 31,5 % de la population authuilloise travaille dans le milieu agricole.
Nous comptons :
  • 5 propriétaires-cultivateurs,
  • 16 ménagers et 42 ménagères, 
  • 2 journaliers,
  • 5 domestiques,
  • 7 bûcherons.
Malgré la présence d'un moulin à eau, le village semble être sans meunier lors du recensement de 1911. Celui de 1906 fait mention de 2 meuniers. Peut-être n’habitent-ils plus au village ?

Authuille à l'aube de la Grande Guerre - la classe moyenne

La classe moyenne était composée de milieux divers tels que les artisans, les petits patrons, les employés, les fonctionnaires, les professions libérales, les rentiers.

Elle représente 13 % de la population française, soit 5 millions de personnes.

La classe moyenne authuilloise est composée de 17 personnes, soit 6,7 % de la population totale:

  • 2 maçons,
  • 2 débitants de boissons,
  • 2 charcutiers,
  • 3 couturières,
  • 1 charbonnier,
  • 1 peintre,
  • 2 menuisiers,
  • 1 rentière,
  • 1 employé et 1 mécanicien des chemins de fer,
  • 1 instituteur,
  • 1 garde champêtre,
  • 1 garde particulier,
  • 1 cantonnier.

Authuille à l'aube de la Grande Guerre - les ouvriers

Le XIXe siècle est le siècle de l’industrie. Se développe alors une nouvelle catégorie de travailleurs : les ouvriers. En 1913, la France compte 5 millions d’ouvriers, soit 13 %. 
Parmi les industries présentent près d’Authuille, on retrouve la machine-outils, l’automobile et l’aviation. Installées principalement à Albert, elles forment le bassin industriel qui a tant forgé l’histoire de cette partie du département de la Somme et qui tente aujourd’hui de subsister.

La condition ouvrière est précaire. Les journées sont longues (12 à 15 heures par jour), les salaires sont faibles. Ces conditions s'améliorent à partir de la fin du XIXe siècle grâce aux luttes sociales successives, aux interventions de l'État et la situation économique excédante.

Selon le recensement de 1911, 19 hommes (soit 7,4%) travaillent au sein du milieu industriel albertin.

Sur ces 19 personnes, 11 étaient employés par l'usine Rochet. Installée en 1885, à Albert, celles-ci fabriquaient des vélos. L'usine d'Albert est succursale de l'entreprise parisienne. 

 
L'Usine Rochet, 1900 - 1913


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Les 8 autres travaillaient dans les établissements d'Abel Pifre, les usines Charles et Lomont, les forges et aciéries Rullon, la machine-outils Danicourt et pour l'industriel Émile Comte

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Ils occupaient des postes d'ajusteurs, de mouleurs, de polisseurs et de tourneurs.

Authuille à l'aube de la Grande Guerre - l'église Saint-Fursy

Nous disposons de peu d'informations sur l'église d'avant-guerre. Seules plusieurs cartes postales et un relevé architectural, accompagné d'un état des lieux de l'église réalisé en 1932 avant sa destruction complète, nous donnent une idée de cet édifice.

L'église pendant la Première Guerre mondiale
©Collection privée






Restitution réalisée lors de l'état des lieux de 1932.
© Archives communales

Nous ne connaissons pas la date de construction de l'église mais en la comparant avec d'autre nous pouvons émettre l'hypothèse qu'elle ait été construite au cours du XVIIIe siècle.
Les archives communales nous révèlent que des travaux de rénovation ont été réalisés durant le XIXe siècle (aux sorties de la Révolution Française et en 1844).

Cette église fut construite en brique pour la partie basse et pour le clocher, en pierre blanche de l'Aisne pour la partie haute. Elle était couverte par des ardoises de Fumay.
Les sept baies étaient ornées par des vitraux à personnages. Malheureusement aucune reproduction n'est connue à ce jour,.
Comme la plupart des anciennes églises, sa disposition respect le principe de l'orientation c'est-à-dire l'entrée à l'ouest et le chœur à l'est.

Authuille à l'aube de la Grande Guerre - La Mairie-École

Ces deux institutions sont indissociables l'une de l'autre, à la fin du XIXe siècle. Elles sont réunies dans un seul bâtiment. Ces mairies-écoles étaient financées par la municipalité, souvent construites au lendemain des lois Jules Ferry (1881-1882). Ils remplacent souvent des bâtiments vétustes. L'instituteur est logé dans le bâtiment. 
La mairie-école d’Authuille a été construite sur l'emplacement du presbytère.

  • l'école

En 1844, l'école fut reconstruite aux frais des habitants. Ils réutilisèrent les matériaux (brique et bois) de l'ancienne église qui fut elle aussi reconstruite la même année. Ces travaux ont eu un coût de 3000 Frs.
En 1855, l'école fut agrandie.
Nous vous présentons ici un plan de l'école réalisé en 1878.

Plan de l'école, 1878 (Archives Départementales de la Somme)

Ces différents plans de l'école coïncident aux différentes lois ayant été votées au cours du XIXe siècle. En effet, en 1833, la loi Guizot oblige les communes à fournir un local pour l'enseignement des garçons. Cette loi est complétée par la loi Falloux, en 1850, qui en fait de même avec les filles.

En 1913, l'instituteur s'appelle Henri Flan. Son nom apparaît dans un acte d'État Civil de cette même année.
Il remplace Ulysse Fournier, qui officiait au village depuis 1895. 
Le XIXe siècle voit la mise en place progressive d'un enseignement primaire généralisé. Mais l'absentéisme est important dès le printemps et ce jusqu’à l'automne (travaux agricoles).
En 1913, l'école est régie par les lois Jules Ferry (du 16 juin 1881 et du 28 mars 1882) qui instaurent la gratuité et l'obligation de l'école. Ces lois vont de paire avec la loi qui légifère à propos du travail des enfants. Celle-ci autorise qu'un enfant ne peut travailler qu'à partir de 12 ans et pas plus de 12 heures par jour.
  • le maire et le conseil municipal 

     

    L'élection municipale a lieu tous les 4 ans. Elle n'est pas si différente de celle d'aujourd'hui. En effet, dès 1876, une loi permet aux Français de voter pour une liste, qui va constituer le Conseil Municipal et celui-ci élit le maire par la suite. Mais dans les faits, cette loi n'est pas appliquée. Les maires sont toujours nommés par les préfets de région comme lors du Second Empire (1852-1870).
    Il faut attendre la loi du 5 avril 1884 pour que s'organise une élection municipale qui voit le maire élu par un Conseil Municipal élu au suffrage universelle masculin. Cette élection a lieu le 4-11 mai 1884.
    Qui dit élection, dit droit de vote. Celui-ci, en 1913, est régi par le décret du 5 mars 1848. Il instaure le suffrage universel masculin. Il suffit d'avoir 21 ans, de résider au même endroit depuis 6 mois pour pouvoir voter. Il institue aussi le vote secret.

    Le nombre des électeurs authuillois est de 83 électeurs selon la liste électorale établie en 1900. 

    L'élection municipale du 5 et 12 mai 1912 permet à Émile Dillocourt d'être élu maire d'Authuille par le Conseil Municipal composé de :

    Bénoni Leclercq,
    Victorice Dottin,
    Arhtur Dupin,
    Jean-Baptiste Vaillant,
    Émile Rouet,
    Lucien Cliquet,
    Charles Janson,
    Sylvain Dufour,
    Victorice Sergent.